De graphic designer à digital learning designer

By 21 février 2021E-learning

Si vous avez regardé attentivement mon CV, vous savez surement qu’en 2017, j’ai entamé un reconversion professionnelle.

Graphic designer, un être créatif et solitaire

J’ai travaillé durant 12 belles années dans le milieu de la communication et de la publicité, j’ai exercé en agences de com et j’ai à peu près traduit visuellement tous les domaines possibles et inimaginables dans une très grande diversité : de la mise en page de prospectus promotionnels cheap aux catalogues présentant des produits de luxe. J’ai touché à la conception/réalisation tous types de supports print, web, vidéo en qualité de graphiste, web designer, motion designer et illustratrice.

J’ai toujours évolué au sein de petites agences de conseils en communication, dans une ambiance familiale où les graphistes savent tout faire et s’adaptent à tous les projets, quelle que doit la demande et l’objectif. C’est un métier magique et créatif. Je me suis rarement ennuyée et si parfois il y avait de longs travaux d’exécution qui exigeait beaucoup de rigueur et de minutie, je n’ai jamais réellement trouvé ça chronophage. J’ai toujours considérer la chose comme une occasion de souffler et d’accomplir un bel ouvrage dans lequel l’information est hiérarchisée, structurée, organisée et illustrée aussi bien que possible. C’est un art qui est toujours appliqué à un sujet, à une commande, à un brief.

Dans le métier de graphiste ou graphic designer comme on dit plus communément aujourd’hui, il faut constamment confronter son travail au regard des autres, que ce soit son boss, l’équipe ou le client. Généralement, on présente plusieurs pistes, on argumente et on voit un peu les réactions de tout le monde. Bien souvent, chaque projet démarre avec une phase de recherches et d’inspiration. Ensuite on esquisse, on prototype, on se corrige, on s’ajuste jusqu’à ce que l’émotion, l’univers visuel, l’impact soit là. C’est une besogne de solitaire où les possibles semblent infinis.

C’est un métier de production, notre but est de fabriquer de l’image, de l’imaginaire. Nos travaux sont toujours soumis à discussion à un moment où un autre, il est donc important d’avoir des qualités d’écoute et de persuasion pour amener le client à envisager quelque chose auquel il n’aurait pas initialement pensé. J’ai eu la chance d’avoir eu des boss qui souhaitaient toujours qu’une proposition sorte du lot, qu’elle “détonne” et étonne ! Rarement retenue, cette version plus “originale” ou “moins conventionnelle” (à vous de choisir), me nourrissait d’un profond élan de créativité, d’espoir et aussi de déception. Le client est roi et les graphistes qui se prennent pour des artistes, des êtres incompris mais épanouis.

Se distinguer, créer des “figures” nouvelles, developper son style est une besogne enthousiasmante, un but sous jacent dans le respect des contraintes : délai, planning et budget.

Graphic designer est un métier technique où le numérique est omniprésent. Savoir jongler entre les applis, les différents logiciels de création et de traitement de l’image, les différents supports et formats. Il faut avoir à la fois une très bonne culture de l’image et assez d’aisance technique pour obtenir le résultat souhaité. Souci du détail et de la perfection sont des maîtres mots.

Digital learning designer, un être créatif et social

Et voilà qu’un jour, je découvre qu’il y a un poste d’ingénieur.e pour l’enseignement numérique libre depuis plus de six mois au sein du campus numérique de l’université située près de chez moi, l’UPEM à l’époque, l’Université Gustave Eiffel actuellement.

Il se trouvait que le métier d’ingénieur pédagogique ou learning digital designer était un métier assez récent et plutôt méconnu du grand public en France. Les compétences d’une graphiste / web designer / illustratrice pouvaient t-elles faire de moi une bonne ingé péda ?

On trouve dans les reconvertis, deux types de profils majoritaires :
• Les enseignant.e.s, les formateurs, les professeur.e.s des écoles
• Les graphic designer, les développeurs et assimilés

Les premiers ont le sens de la pédagogie, les seconds ont un bagage méthodologique et technique, ils disposent d’une aisance avec le numérique indéniable. Dans les deux cas, pour se reconvertir, il faudra avoir l’envie d’apprendre et de s’ouvrir à de nouveaux horizon, être plus curieux qu’à l’habitude.

Un digital learning designer et un graphic designer en maîtrise des différents processus cognitifs humains

Voici les 6 qualités à développer pour passer de graphic designer à digital learning designer

1 – Être pédagogue 👩‍🏫

Cela va de soi ! Le métier fondamental reste la transmission des connaissances et des compétences. L’ingénieur pédagogique aime transmettre et soutenir les enseignants et les formateurs avec qui il collabore. Pour y parvenir, il doit travailler sa manière de communiquer et sa posture. Il travaille son écoute active et comme le graphiste, il traduit “un brief” en besoin, veille à apporter une solution et à l’expliquer le plus clairement possible pour susciter l’adhésion à ses propositions. Il est amené à animer des formations technico-pédagogiques et à diffuser des supports ou de la documentation.

2 – Apprivoiser les technologies 👩‍💻

L’enseignement et la formation sont aujourd’hui de plus en plus numériques. Maîtriser les différentes solutions (LMS, chaîne éditoriales, logiciels de bureautique et de PAO, appli Web en tous genres). L’ingénieur pédagogique aime les innovations et être constamment en veille. Sa curiosité naturelle lui permet de trouver le bon outil adapté à son objectif. Avec l’avènement du confinement dû à la pandémie Covid19, les usages des technologies pour apprendre et enseigner se sont démocratisés et considérablement accélérés. La technologie vient en soutien des apprentissages mais il faut du temps pour les découvrir et les maîtriser. Le rôle de l’ingé péda est d’orienter le choix vers tel ou tel outil, pour cette mission, il assure “une permanence” et porte conseils en la matière !

3 – Être une ressource pour résoudre les problèmes. 🤯

Porter assistance aux collègues fait partie du quotidien. Malheureusement, il arrive que rien ne se passe jamais comme prévu et que des problèmes techniques surgissent. C’est à l’ingénieur pédagogique de se montrer souple et créatif pour les résoudre. Il doit le faire en conservant le sourire et en motivant à chaque instant tous les acteurs qui peuvent l’aider. Son dynamisme, sa bonne humeur, sa ténacité doivent être contagieux. Travailler en réseaux lui est utile pour puiser des idées et améliorer le service et le support qu’il rend.

4 – Créer des contenus percutants et des expériences d’apprentissage mémorables 🥰

En 2021, les étudiants sont habitués à être au contact de contenus ou l’information est présentée de manière percutante, impactante et ludique. L’heure est aux formats courts, séquencés, granularisés, beaucoup moins qu’aux cours magistraux et longs monologues de 3 heures. L’ingénieur pédagogique a l’esprit pragmatique et doit réussir à rendre un contenu pratique et attractif.

5 – Adorer la gestion de projet 🗃

Mettre en place un parcours e-learning suppose de coordonner toute une équipe pédagogique et de savoir collaborer avec les différentes équipes techniques. Il faut s’appuyer sur des développeurs, des informaticiens, des enseignants, des techniciens audio-visuels et d’autres professionnels…  Comme dans la “Com” la maîtrise des budgets et des plannings est clé dans la réussite d’un projet. Un ingénieur pédagogique est un bon gestionnaire de projets et même parfois un gestionnaire RH capable de recruter des “auteurs de contenus pédagogiques”.

6 – Aimer lire, veiller et developper sa pratique professionnelle 📖

Depuis que j’ai pris mes fonctions à l’Université, j’ai la chance de pouvoir bénéficier de formations variées, d’avoir une bibliothèque et de pouvoir commander autant d’ouvrages sur la pédagogie qu’il en existe. Il faut accepter de se former, de s’auto-former et de discuter de sa pratique professionnelle avec ses réseaux et ses collègues dans un objectif d’amélioration continue. J’aime à dire que je me situe toujours dans ma zone proximale de développement.